…le hors-champ dans la série Erased Lynching de Ken Gonzales-Day
By
Natacha Yahi
Excerpt:
La série Erased Lynching, dont l’artiste américain Ken Gonzales-Day1 a débuté la réalisation en 2000, regroupe des images d’archives de cartes postales représentant des lynchages de Mexicains-Américains, d’Amérindiens, d’Américains-Asiatiques et d’immigrés chinois et mexicains perpétrés entre 1850 et 1935 en Californie et dans l’Ouest des États-Unis. Après avoir collecté ces documents, l’artiste en a scrupuleusement effacé les corps des victimes et la corde à laquelle elles étaient pendues avant de recomposer l’arrière-plan de l’image. Ken Gonzales-Day donne ainsi à voir des scènes énigmatiques dont seul le titre Erased Lynching révèle à la fois l’intervention de l’artiste et la nature de la scène contemplée. Depuis leur dehors, les images de la série produisent une tension entre le visible et l’invisible. C’est ce dialogue entre ce qui est montré, caché et suggéré par l’artiste qui m’a semblé au cœur des préoccupations du colloque « L’image et son dehors : contours, transitions, transformations » à l’École supérieure d’art de La Réunion (6-7 mai 2015). Les organisateurs du colloque proposaient notamment d’interroger les rapports entre le champ et le hors-champ des images, mais également la portée du regard du spectateur. Effectivement, cette œuvre de Ken Gonzales-Day interroge, dans un jeu de dissimulation par l’image et de désignation par le titre, le sujet des cartes postales qu’elle présente, travaillant ainsi l’idée que les images ne montrent pas l’essentiel de ce qu’elles disent. Ma réflexion prendra pour point de départ l’analyse plastique et visuelle des images. Je m’attacherai moins à l’étude des modalités de présentation de l’œuvre qu’à celle du contexte historique de la conquête de l’Ouest qui accompagnait la production des cartes postales de lynchage, ainsi qu’à leur réinvestissement par l’artiste grâce aux procédés de la suppression et de la reconstitution d’éléments visuels. Ainsi, il s’agira davantage de questionner le hors-champ des images que leur hors-cadre.
To read full essay visit Université de Lille, Academia here or alt site here